Oh la vache, des pochettes de disques!

Voici une brochette de pochettes vachement laiteuses : des pochettes de disque où vaches, veaux et autres bovidés posent comme des stars. De La vache qui rit à la vache folle, de la vache Milka  à Buffalo Grill en passant par La vache et le prisonnier,  la femelle du taureau  est très présente dans l’imagerie collective et fait de l’ombre sur son mari le taureau (si cher à Osborne). Les maquettistes l’ont compris très vite : les vaches ont un statut reconnu et méritent qu’on leur consacre un article. J’ajouterai même qu’en cette période de vache maigre, il vaut mieux les flatter et les traiter comme tel.

 Et puis de toute façon, tout ce qui a trait à la vache m’émeut, même les grosses vaches. Bon, c’est vrai, il faut reconnaître que la vache manque d’élégance et de finesse mais ne soyons pas trop vaches avec elle, une grande partie de la population indienne les considère comme des animaux sacrés. Alors respect, pas de vacheries s’il vous plait.

La pochette la plus connue est sans aucun doute celle des Pink Floyd et de leur album Atom Heart Mother (1970).Ils sont parvenus à conduire la bête au rang de super star incontestée quitte à éclabousser de bouse les critiques les plus vaches. Les analyses sur la pochette tombent comme vache qui pisse et sont toutes aussi pertinentes qu’absurdes. La fameuse vache du disque semble quant à elle se foutre gentiment de notre tronche.  Les mélomanes le savent : Atom Heart Mother est une œuvre singulière et difficile dont le contenu musical est à l’opposé de sa pochette. Existe-t-il un rapport entre le titre, la pochette, et la musique ? C’est la question vache de ce soir. Les critiques soulignent son décalage, son absurdité et surtout l’influence du surréalisme (d’ailleurs, le rock progressif anglais se dit influencé par le surréalisme). Je suis assez d’accord et je vais le démontrer: il n’y a qu’à voir le bestiaire omniprésent dans l’œuvre cinématographique du réalisateur surréaliste Luis Buñuel  pour s’en convaincre.

Luis Buñuel n’avait pas hésité en 1961 à montrer dans son film Viridiana (1961) la jeune Viridiana hésitant à traire une vache à cause du symbole phallique que portent les pis de vache. Le film fut automatiquement censuré en Espagne (sous Franco, une peau de vache avec un cerveau d’hyène) et reçut la palme à Cannes. Ces mêmes pis de vache, la couleur en plus, le groupe Aerosmith les affiche dans Get a grip. Comme quoi !

Le maître Buñuel, en visionnaire, avait un avis très pertinent là-dessus mais on a du mal à le comprendre quand il parle car en bon ibérique, il parle français comme une vache espagnole. Mais quittons les délires aériens des surréalistes pour regagner le plancher des vaches et revenir à nos moutons, pardon, nos vaches.

Cette même pochette des Floyd sera l'objet de bien des railleries, et sera pastiché par Frank Zappa dans le coffret Läther, et par les Native Hipsters qui montre l’animal les quatre pattes en l’air, l’air ahuri. Du coup, aujourd’hui et ce depuis 40 ans, dès que sort un album avec une vache, il est impossible de ne pas songer aux Pink Floyd.

Certains groupes jouent sur les analogies et les représentent comme de vraies vaches à lait (les Compassionate Dictatorship) ; d’autres vont même plus loin en les montrant en pleine copulation : c’est l’amour vache.

La palme du gore revient au groupe Cattle Decapitation : ils n’ont aucun scrupule à faire accoucher l’animal sacré de répugnants restes d’humains qui auraient ingurgité de la vache enragée. La vache ! J’entends d’ici les indiens meugler au sacrilège !

Bref, on l’aura compris, les pochettes de disque représentant une vache sont très nombreuses et il est très difficile de s’y retrouver : honnêtement, une vache n’y trouverait pas son veau. Regardez plutôt, en voici quelques autres:

Comments

[Le Barde]

Il vache'ment bien ton article! :))
@+

[Oreille]

merci, j'avoue m'être bien éclaté à le faure :)