Ab-Soul a le dos Courbet.

Le Désespéré est un des autoportraits les plus célèbres de Courbet peint vers 1845 alors qu'il avait 25 ans. Dans ce chef d’œuvre archiconnu le peintre s’attache à représenter un personnage en proie à la détresse, avec une expression proche de la folie. La saisie de l'expression est très réaliste et frappante: les yeux sont égarés, ses narines dilatées, sa bouche entr’ouverte, ses bras déployés dans une posture dramatique prêt à s'arracher les cheveux.

Le rappeur américain Ab-Soul, a 4 années de plus et ça se lit sur son visage : le traits, les rides, les cernes... Il est plus abattu, davantage gagné par le désespoir et la fatigue. Il se tient la tête, comme rongé par des maux ou des mots. S’il y a moins de folie et de théâtralité dans la posture, la mise en scène n’en est pas moins réaliste. Le rappeur est au bout du rouleau, exténué, sans issue et sans recours. Est-il en dépression ? En prison ? Malade ? Livré à lui-même ? On l'ignore. Désespéré certainement mais pas seul. Quelqu’un l’écoute, le suit et semble lui donner un dernier conseil. Un dernier conseil qui, sur la photo, l’oblige toutefois à lever les yeux et plisser le front pour mieux l'entendre. Ce quelqu’un (ami,médecin,psy,producteur?), après avoir épuisé toutes les cartouches lui demande à présent de se débrouiller seul. D’où le titre de l’album : « Do what thou wilt » («  Fais ce que tu veux »).

• Ab-Soul :  Do what thou wilt  (2016)